Hadopi : identifier les IP se fera d'abord à la main, à 8,5 € l'unitéFlasher des IP va coûter plusieurs centaines de milliers d'euros aux ayants droit. Mais ces IP doivent être identifiées. C'est une obligation des FAI dès que la Hadopi l'exigera. Toutefois, tout travail mérite salaire, surtout lorsqu'il est réalisé à la main.. L'occasion de se replonger dans les chiffres fous gravitant autour d'Hadopi...Lundi, les membres de la haute autorité n’ont eu de cesse de souligner que tout était prêt ou presque pour le lancement de la fusée Hadopi. Un peu plus tôt à l’Assemblée nationale, signale Owni.fr, Éric Walter expliquait aux parlementaires inquiets : « Nous avons travaillé avec les opérateurs à l’automatisation d’un système d’échange de données, qui devrait rendre le coût de l’identification des adresses IP nettement moins élevé. S’agissant de la compensation financière, il n’existe pas à ma connaissance de blocage avec les opérateurs. »
La Fédération Française des télécoms a décrit cependant à Silicon.fr une vision moins idyllique de cette osmose : « les personnes chargées de l’identification des adresses IP n’ont même pas encore été recrutées ». Car, en attendant « la modification de tous les systèmes d’information des opérateurs [qui] prendra au moins un an », l’identification des adresses IP se fera « manuellement ».
C'est une non surprise. La Fédération Française des télécoms nous décrivait déjà voilà plusieurs mois un lancement en deux temps : d’abord une phase manuelle, puis une automatisation montante pour viser les 50 000 IP/j correspondant aux incidents signalés par les ayants droit.
450 000 euros par jour, peut être 637 000 euros...
La surveillance a cependant un coût. Et quel coût : « Le coût est toujours de 8,50 euros par adresse IP » note Owni.fr.
Ce petit calcul tient du code de procédure pénale disait-on début 2010 (Hadopi : Identifier les IP coûtera entre 32 500 et 425 000 euros/jour). Celui-ci comprend un barème situé aux articles réglementaires R213-1 et R213-2, qui sert de références aux FAI, faute de mieux. Faute de mieux, car ces textes concernent la téléphonie mobile et fixe, un secteur très proche.
Et il y est effectivement mention de l’ADSL dans ce tableau. L‘article R213-2 du code de procédure pénale vise ainsi les « Informations permettant d'identifier l'utilisateur ». Là, le tarif applicable à l’Identification d'un abonné ADSL et de son fournisseur d'accès internet. La prestation est facturée 8,5 euros. Du coup : à 50 000 identifications quotidiennes, on en arrive mécaniquement à 425 000 euros par jour. Et même 637 000 euros si l'on compte les demandes potentielles du secteur du jeu vidéo. C'est évidemment théorique et suppose qu'Hadopi soit en état de supporter toutes les demandes des ayants droit.
Un opérateur nous le disait cependant à l’époque : avec ce budget, on aurait pu financer 1500 NRA dégroupés. Chaque année. De son côté, Free a toujours tenu ce cap. Par exemple dès 2008 « L’Hadopi va profiter aux ayants droit. Il est hors de question d’assumer ces charges ! » Le FAI n’hésitait pas alors à entrevoir un mode super lourd facturé 13 euros par vérification. Et encore : « même à 13 euros, je ne rentre pas dans mes coûts pour les demandes papier ! »
Jamais il n'a été démontré qu'un fichier téléchargé, c'est une baguette volée, une vente ratée. Des centaines de milliers d'euros flambés dans la surveillance, c'est par contre, bel et bien de l'argent que la création n'aura pas.